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Fransk

(2008) - Oversættelser til fransk

Oversat af Chatrine Lise Dubost

Poèmes
Au-dessus de l’inlandsis
Extrait de:
Poésie, nouvelles
Editeur: Atuagkat, 1998


Au-dessus de l’inlandsis

Loin de la masse grise de nuages
l’inlandsis déferle
sur la rétine
comme une surface vierge.

A l’heure de la purification
le bleuissants se mêlent
jusqu’aux montagnes de l’enfance
où le souvenir est silence
de l’histoire
de l’iceberg qui naît
dans sa lente descente
vers les abysses

La virginité de l’inlandsis
contient des dents de roche
des strates, des chatoiements
créés par la nature même
avec la force de l’univers

L’eau turquoise et glacée
donne l’eau à la bouche

Dans l’espace imparti à l’esprit
existent
des besoins inassouvis
La réalité
est une vibration
d’un fil de la vie

La volonté est dans l’impracticable

Au fond,
né des forces de la nature
dans un jeu de lumière et d’ombre,
un ça
d’éternité
pour la pensée.


La vallée des fleurs

Les grands buissons
ont un parfum pur.
La vallée des fleurs
paisible
est parée de végétation.
Leur message est
de ne pas abdiquer
contre le vent et le froid
et faire cesser la résistance.
Le corps et l’âme acquièrent
une force d’action incorruptible.
Dans la vallée des fleurs
la vie de la flore est une vie
comme d’autres vies
similes aux contingences de la nature
dans un monde parmi des plantes vivantes et d’autre fanées.


Intermezzo

On ne se lasse jamais
des miroitements sur le fjord glacé.
Ils semblent inaltérables
Lorsque pourtant un courant d’air
Survient, inattendu.
il trouble l’harmonie,
altère la perception.
D’autres formes se mélangent alors,
abandonnent les insectes
ferment les corolles des fleurs
et font osciller au vent les imperturbables roseaux.

Quand le phénomène naturel
cesse et que les sculptures
de la mer de glace recommencent
à miroiter
les insectes et autres ailés
et la mouche bleue
se remettent à voler
et les fleurs redeployment leurs corolles.


Atelier nature 2
26 aunt 14h36

Le dernière fois que j’étais à mon
poste de contrôle était l’après-midi
du 21 mai. Aujourd’hui, trois mois
plus tard, je suis revenu.
Je sens que cet endroit compte dans
ma vie.
Je m’empresse tant de monter vers
mon atelier nature, qu’en arrivant,
je suis en nage.

Soleil haut dans le ciel.
Mer blanche, car les diamant du
soleil d’août couvrent la surface de
leurs rayons blancs comme des
étoiles scintillantes.
La révolution du soleil n’est plus à
son point le plus haut, et néanmoins
le contre-jour rend les îles presque
noires près du centre du champ
optique.
A droite de la perspective se
détache le bleu de la mer.
Les îles les plus proces sont
brunes.

Lá je deviens euphorique.

La mouche bleue est venue me
souhaiter la bienvenue.
Les baies de cambrien attendent
d’êtres cueillies avec les myrtilles.
Un parfum de lédon des marais
envahit mes narines.
Le reste de vent doux et frais
enveloppe mes épaules.

La grosse pierre, désormais formée
comme une tête d’homme couchée
au nez gigantesque
est une momie majestueuse qui
abrite la végétation rampante.


Atelier nature 4
24 mai 18h58

Le soleil est toujours là.
Il crée la passé du présent.
Tout comme ma palette.
Elle ne parvient pas à saisir la
richesse des couleurs de ce lieu.
Car leur assemblage n’est pas fait
pour la nature.

Malheureusement, le brouillard
demeure pré des îles.
Il enfreint le passage des couleurs.

Quand le soleil a passé la crête des
montagnes vers le nord, il
commence à faire froid.

Voilà que fleurissent les grands
mots :
le lieu
le galop lointain de l’élan.
Les gigantesques pierres,
qui sont une lisière à la crête des
montagnes
s’assombrissent.
Elles s’endorment au couchant et
s’éveillent vraiment au lever du
soleil.
La diversité de leurs teintes
s’obscurcit et s’anime.
Il me semble avoir construit des
mots inexistants par le passé.
Seuls les Diapensiae lapponicae, les
azalées naines, les saulaies, les
lédon des marais et les gigantesques
pierres marquées de leurs ombres
peuvent comprendre.


Atelier nature 7
16 juin 15h24

Aujourd’hui, la création reprend.

J’oublie les tourments de l’année.

En montane, je pensais au
phénomène circulaire par lequel je
m’attache à reproduire mes actions
année après année en ritualisant les
valeurs artistiques.

Pour créer quelque chose de
nouveau, il est indispensable de
répéter, encore et encore.
Je pense au prêtre qui doit écrire
son sermon sur les mêmes textes,
année après année et trouver
l’interprétation de la parole.

Un jour, mon père s’donnait que
les textes sacrés fussent
intarissables.
Ils ont toujours de mots qui leur
viennent pour être prononcés aux
fidèles.

C’est pourquoi je entraîne à
écrire - de préférence chaque jour -
pour apprendre à me répéter sous la
protection du verbe.

En arriving á l’atelier nature, j’ai pu
voir que les jolis toupets blancs du
lédon des marais e´étaient en fleur.

Toutes les clochettes de l’airelle des
marais qui donneront les myrtilles
au mois d’août dodelinent au vent.

Les Diapensiae lapponicae ont fière
allure à côté des rouges lumineux
des azalées naines.
Je trouve à ma grande joie une
espèce cousine de couleur mauve
ornée d’un brin de bleu.

Le jardin arctique embaume ici -
un jardin parfumé aux plantes
basses.
Si elles hésitent à pousser, il n’y
aura pas de réserves pour l’hiver.

Le brouillard, suspend son voile
transparent au-dessus des îles.
Le bruissement du torrent est
ininterrompu.

Aspirer au dehors

Les bruns de l’automne
Sont au bout de couteau
La plupart de fleurs sauvages fanées
Et leurs étamines
ouvertes, coiffés de poils blancs
et de minuscules points noirs,
invitant le vent
à leur faire traverser le fleuve
vers d’autres espèces sur le talus
qui fait face à l’immense névé de l’inlandsis
où le jeux de lumière de tous les âges
s’octroient le monopole
de l’ombre végétative de la mort
où les seules particules qui demeurent
sont celles qui, avec le temps, seront libérées
par le tranchant des tempêtes hivernales

Ceux qui le vent traversera jusqu’au talus
survivront et connaîtront
la richesse des’rencontres
et la fertilité
dans l’âme intemporelle.


îles

Les îles nues
sont brunes
lorsque l’aube
les découvre
dans frisson inattendu.

Mais quand la lumière
les laisse in´claires
dans les jours sans lune
les aigrettes de pissenlit
se posent et reposent
sur les monticules épars
de ces îles dénudées.

A l’aube du jour suivant
certaines gagnent leur identité
laissées là par les autres
qui poursuivent leur vol
en quête d’une terre nouvelle.


Atelier nature 1
21 mai 15h10

Le soleil se dissimule derrière les
fins nuages.
Le sifflement glacial du vent du
nord est tra intrusi.

Le vent constitue un supplément
indispensable.

Remarquable vue sur les îles.

En cheminant vers mon atelier
nature, je fus pris d’une idée
lumineuse, un jour, je travaillerai
autour d’un thème que j’appellerai
Îles, tout simplement.
One pensée captivante.

Au-dessus des îles une lumière
délicate.
Les rayons du soleil étincèlent à
leur surface.

A 15h47 précises, un fin rayon
émerge du soleil et m’éclaire
que j’écoute, allongé, le chant des
braces de saule.
Les pointes de leurs feuilles sont
écloses.
Comme une forêt entière.

Peu après, les nuages s’effilent
encore.
Sur le papier, une ombre se forme
Le soleil ne devrait pas tarder à
apparaître.


Atelier nature 3
24 mai 17h39

En montant, je pensais à Cézanne
qui avait sa montagne où il vivait et
se promenait.
Le sens artistique est attiré par les
lieux.
Ici, les Diapensiae lapponicae et les
azalées naines me souhaitent la
bienvenue.
La joie en rouges et en blancs.
La saulaie est un feuilles.
Le lédon des marais dressent leurs
toupets.
Le parfum prolonge les sens.
Le vent froid glace.
Il reste des tâches de neige qui
n’ont pas encore fondu.
Les montagnes sont encore
blanches au sommet.
Le soleil est haut à droite.
Le lieu,
le galop lointain de l’élan
sont de grands mots dans ma
langue.
Diapensiae lapponicae, azalées
naines, saulaie et lédon des marais.
Leur existence est une force vitale.
Le gel et la nuit éternelle ont régné
ici. Sans espoir.
Ils renaissent.
Ils son petits et bas.
Les bourgeons naissant sur le saule
polaire absorbent l’énergie du
soleil.
Ici, un psaume : Sanctus est.

Les nuages menaçants qui cet
après-midi formaient une zone
d’ombre retombent á l’horizon.
Dans le bleu du ciel les rayons du
soleil assainissent la brume au-
dessus des îles.
Il reste des tâches de neiges ça e là.
Ainsi, l’écran du brume freine la
clarté vers l’horizon.


Atelier nature 5
30 mai 14h31

J’ai la vue
sur le flanc ouest de la montagne
entre deux grands rochers.
Je suis assis à l’abri du vent du
nord.
Je me tourne vers le soleil
qui brille dans un ciel sans nuage.

La pureté de l’air me donne
une impression de visibilité
si forte que je peux presque
toucher les îles à l’horizon.


Atelier nature 6
11 août 11h00

Le 30 mai, le vent était trop for ici.
Entretemps (une période écoulée)
beaucoup de choses se sont passées
qui ont contribué à me faire vivre
des événements consignés dans
divers carnets de notes, photos,
esquisses. Passé - passé.

Je sais que l’atelier nature m’a
manqué cet été.

En gravissant la montagne vers “la
grande porte” j’ai senti que je
suivais mes propres traces laissées
en mai l’an dernier.
Des traces gelées.
Je me souviens pourtant être passé
par la faille en redescendant, avec
ses blocs de rochers qui semblent
ensorcelés. J’étai très absorbé par
leurs ombres magiques.

Ce matin, je fus réveillé par le
soleil levant à travers la fenêtre
occidentale de la chambre à
coucher.

Le besoin de retrouver l’atelier
nature surpasse toujours le manque
de temps

Mon aspiration au parfum de lédon
des marais, au bruissement des
torrents, et par les yeux, à baigner
dans le bleu du ciel contre les îles,
est la manifestation de l’âme
incandescente de la nature.
Ici, je laisse travailler les oreilles,
les narines et les yeux.

La corneille lance son salut en
passant.
Le traquet motteux examine le
terrain.
Quelques moustiques arrivent aussi.
Ils sont paresseux.

Je constate que ma dernière visite
remonte au 26 août l’an dernier.
Je n’ai relevé que la date. Rien que
la date.
Je n’ai pas ressenti le besoin de
pénétrer cet endroit sacré avant
aujourd’hui.

Bien que le soleil soit brûlant, le
vent du fjord me suit sans cesse.
Je m’y habitué.
C’est à cause du vent que la mer
n’est pa lisse.
Sa surface endure à perte de vue.
Heureusement, rien ne voile les îles
aujourd’hui.
Elles son claire et contrastées.
Sans neige, elles son immuables.
La neige les agite.
Ce matin, je lisais une note citée
d’un livre d’Iris Murdoch.
Voici la phrase à laquelle je pensais
durant toute mon ascension.
L’art est maltrise de soi et silence.

La mouche aussi est venue à
présent.
La chaleur du soleil brûle.
Il suffit de peu pour réchauffer l’air
sec.
L’air est limpide.
Loin á vol d’oiseau.
Les longues distances sont
écourtées.
Bleu. Bleu. Bleu.

Quand j’écris ou que je peins
dehors, je ne peux m’empêcher de
penser à Van Gogh, cet artiste
d’extérieur qui étudiait la nature.
Avoir froid est une expérience
difficile à rendre par les mots.

Mes ancêtres vivaient eux aussi de
lumière, de vent et du temps qu’il
fait.
Je capture la lumière et la garde sur
le papier.

Peut-être Cézanne, Van Gogh et
Oluf Holst auraient-ils dû connaître
mon atelier nature.
Leurs motifs et leurs couleurs sont
vivants.

Piano sur P1 (transitor Sony) peu
avant 16h00 se marie
exceptionnellement bien avec la
grande mise en scène, d’un bateau
bleu clair qui avance dans la crique
en contrebas, à la marée montante.

Sonate pour piano de Haydn.
Œuvre exceptionnelle d’un artiste
de haut vol.